Le marketing est mort ... Vive le marketing.

Par Jean Claude Harrari

© 04 - 2002 / ISBN I2-95-07777-4-0

Circonstances de la naissance du marketing traditionnel, puis constat de ses limites constitutives.


Aprés des millénaires de pénurie généralisée, la révolution industrielle apporta au monde occidental une surcapacité de production de biens industriels. L'offre potentielle excédant alors la demande existante, la concurrence s'exacerbant, on "inventa" alors la réclame, plus tard baptisée publicité et ses multiples dérivés et techniques. Cependant, comme chacun, sous réserve d'être “gros”, pouvait pratiquer ce nouvel art, l'efficacité relative de ces approches diminua bientôt et il fut alors indispensable ...de trouver autre chose.

Les américains d'abord, puis le reste des seuls pays concernés, à savoir "riches", eurent alors l'idée de commencer par se préoccuper des besoins, des désirs et des moyens des seules clientéles visées pour mieux y répondre, Ainsi, purent-ils rationnaliser leurs efforts, en réorientant en “amont” les actions de l'entreprise tout en maximisant ses profits. Le marketing basique était né.

Cependant, les premières approches de ce marketing dit "historique" ou "basique" induisaient l'utilisation quasi-obligatoire d'une panoplie très couteuse d'outils spécifiques. Il s'agit en particulier des enquêtes et autres études pour connaitre les clientèles et les marchés et donc ces besoins, désirs et moyens évoqués ci dessus. S'y ajoutent ensuite le coût d'une communication de masse, destinée elle à convaincre les prescripteurs et les utilisateurs finaux (campagnes dites de notoriété, actions de promotion à grande échelle et autres se révelèrent bientot hors de portée des "petits". Pourtant ce contexte privilégiant les seuls gros "investisseurs", donc ces multinationales ou tout au moins ces grosses sociétés, allait lui aussi se modifier, au grand dam des ténors et autres diafoirus de ces nouvelles pseudo-sciences. Tout d'abord on nota une mutation de la consommation, les clients devenant plus avertis (mieux informés), moins crédules, (mieux formés) et plus infidéles. De plus la crédibilité des approches publicitaires elle même diminua avec le temps (leur fréquence conduisant de plus à saturation) Ces deux derniers facteurs ont alors naturellement conduit à des ratios efficacité/investissements de plus en plus mauvais.

Un événement essentiel, une révolution en fait, allait bouleverser le tableau précédent, i.e. la possibilité trés récente, bientot potentiellement ouverte à tous de disposer et de traiter des "informations" autrefois champs gardés de quelques puissants. Micro-informatique, bases de données, logiciels de traitement, réseaux dont le world wide web et quelques autres mots clés donnent la mesure de ce bouleversement. De plus, dans la logique des dérégulations croissantes touchant tous les secteurs, d’anciens postulats, basés sur la possible prévision fiable des comportements de cibles cernables et/ou découlant de typologies permanentes ou tout au moins stables sont devenus faux.

A ce niveau, le savoir cède le pas au savoir-faire et des raisonnements autrefois farfelus en deviennent parfois valables. Ce qui précède est en fait la chance offerte aux PME/PMI de combler leurs handicaps, sous réserve d'adaptation des approches aux nouvelles situations et aux évolutions technologiques et des comportements.

Ne restent alors du marketing primitif que sa philosophie et ses logiques de base, i.e. partir des besoins, désirs et moyens d'un client (certes pourtant plus mouvant) pour orienter ses actions. Par contre en termes de recherche de données et de moyens d'action, tout ou presque change ou va changer. (ceci ne fait peut être pas plaisir aux gouroux qui auraient souhaité réserver à leur caste un domaine réservé entouré d'ésotérisme protecteur, mais c'est un fait) d'où ce titre : le mkting est mort, vive le mkting.

Une illustration de ces concepts est fournie par le passage symbolique de la bombarde à l'engin à tête chercheuse, qui illustre que plutôt que de savoir le pourquoi des choses, mieux vaut souvent savoir comment agir.